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Alors quoi ?!

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François

Alors quoi ?!

Message non lu par François » 21 sept. 2015 12:07

message d'avertissement : le texte suivant va tourner autour de deux ressentis, l'un avec lequel je suis venu, l'autre que j'ai retrouvé ici.
Je tiens par avance à avertir que sa rédaction pourra prendre un caractère provocateur. Mon but n'est en aucun cas d'agresser quiconque dans son identité personnelle.
En revanche je serais ravi si sur quelques notions cela suscitait l'interrogation et mieux le débat. Je ne tiens en aucun cas à culpabiliser, et je n'ai pas la vérité mais j'ai un regard. Il n'y a pas de prétention le cas échéant à un jugement absolu du secteur.

Et alors quoi ?!
Y a plus de débats. J'arrive ce matin, dans le ventre, j'ai depuis longtemps un poids. Un truc que j'ai essayé de partager mais pas évident.
Je me rappelle du magazine Le social, je me rappelle de l'affection que je lui témoignais, une impression d'un média laissant place aux questionnements.
Voilà, là bas je devrais savoir laisser un petit quelque chose qui va peut être se partager, se défaire, se refaire, évoluer avec de nouvelles réflexions.
Premier réflexe, le forum, lieu de partage et d'échange interactif. Y a de tout là bas.
Et alors quoi ?!

C'est sous catégorisé, que des métiers, ok, bon l'espace échange, réflexion, ressentis on le trouve où dans ce fouilli ? Je parcours les différents métier, en proie à la panique, j'aurai envie de toucher tout le monde. C'est con hein ! C'est horriblement prétentieux. Pas grave, l'importement n'est pas le jugement à porter, c'est la diversité des expériences qui nous nourrit.
Même sentiment au premier regard dans chaque sous forum. Il faut je crois toujours écouter sa première impression avec intention. J'ai un peu peur. Je sens monter la colère mais on ne se laisse pas aller. Y a un forum global ça n'appartient à personne, ça doit peut être nous rassembler tous.
Déception, dans chaque titre, ou presque, c'est le même constat. Ca sniff l'égocentrisme. Pas de jugement sur les gens, non c'est juste sur ce qu'il manque autour.
En fait c'est moi qui ai un problème. J'aurais aimé trouver une de ces nombreuses questions qui m'ont accompagné et suscite des débats, font s'affronter les regards, rassemble les diversités.
Non là y en a que pour la Convention collective, son avenir personnel, ses exams, et autres considérations plutôt techniques. J'ai pas cherché longtemps à trouver un sujet qui me donne tort et il doit y en avoir certainement mais ils doivent être noyé. La passion n'est pas là.
J'assume le défaut de recherche, c'est un choix, de transmettre cette première impression. J'ai envie d'échanger, de partager quelque chose de l'engagement social, de débattre mais je ne sais pas où, je dois chercher.
Je dois chercher l'endroit où l'on peut penser et s'enrichir ensemble sur un forum spécialisé sur les métiers du social. Ca me fait étrange de dire ça...
Je n'aime pas l'impression qui monte.
En fait pour utiliser une image...
On dirait un SAV des métiers du social, t'as pas l'impression d'arriver dans le meilleur endroit où parler d'obsolescence du matos que tu viens d'utiliser, ça doit être dans le petit réduit d'à côté, où alors faut aller chez les concurents, un petit groupuscule d'agités du métier qui n'ont pas d'adresse dans le botin, ça marche par bouche à oreille.
En fait on dirait que la démarche d'engagement ce n'est pas ici. En même temps t'es en dehors de tes heures et t'en fais déjà assez.
Il nous manque peut être un truc sur le web, pour râler, exiger, se plaindre, affirmer ses convictions, parler de ses luttes, s'insurger, désobéir, un lieu où en bon travailleur social, on défend le non pour mieux dire le oui.

A me relire ça me paraîtrait démesurément fou, provocateur, voir irrespectueux, quel imbu de moi même, prétentieux, arrogant (et je l'ai fait donc je confirme). En fait c'est déjà gênant de l'écrire même à travers une médiation. Ca sent la colère, ça me donne l'impression qu'elle est dirigée. Pourtant non, juste là aujourd'hui on est dans la même pièce. Ca tient à peu de chose. Dans trois mois c'est perdu dans les tréfonds.
En fait y a du chagrin, un rien de tristesse, du désespoir. On écrit pas forcément comme l'on ressent.
Mais pour provoquer encore un peu...
C'est un peu une évaluation, j'objectivationne pas, je subjective, je fais à la vite, c'est pas fouillé travaillé, mais c'est pas moi qui doit traiter les données brutes, les mettre en forme les analyser. C'est juste de la matière.

Voilà au premier regard j'aurai aimé trouvé dans un tout mêlé, de la réflexion et des renseignements, des informations utiles, des liens vers des articles, des sites militants. J'aurais voulu trouver du ressenti, de l'émotion, du Jeu, du moi, du nous et pas avant tout du "Moi Je" J'aurais peut être pu écrire juste une phrase. J'aurais caché tout le reste. J'ai pas raison mais si j'agite un peu, ça doit pas faire de mal. Si ?


En fait j'étais venu raconter autre chose ce matin. Un truc qui n'a rien à voir. J'avais envie de partager une image.
Je repensais à mon ancienne équipe avant de prendre une autre route. Je pensais à ce malaise que je n'ai pas su partager. J'avais cette image.
Je raconte... brièvement. J'essaie.

J'ai vu, j'ai entendu des choses qui font mal. J'ai pas supporté, je n'ai toujours pas digéré, mais surtout je n'ai pas su partager. J'ai eu peur de blesser mes collègues, leurs sensibiltés, je n'ai pas su les affronter suffisament, prendre le risque en les bousculant eux de peut être donner un peu plus d'équilibre à ceux que nous accompagnons. Le matin devant le miroir, ou sans j'en ai pas besoin, c'est jamais très loin, j'y repense.

J'ai vécu dans une équipe où le maître mot était l'indifférenciation, sa conséquence la compétition.
J'ai vécu dans une équipe où le quotidien des professionnels pourtant c'était la différence, la diversité, l'individuation.
Comment ça peut exister, ça me parait un non sens. Et le mal que cela a fait à chacun. Les émotions vécues. C'est effrayant.
J'ai eu l'impression de vivre le plus bas de ce qui est vivable dans nos métiers, peut être la plus grande des maltraitances psychiques, au moins la plus lanscinante.

Alors forcément quand on ressent tous nos différences au quotidien, dans les manières d'être et de faire, dans les savoirs, l'endurance, l'enthousiasme, l'ouverture, la différence des regards portés par ces personnes qui nous suivent sans réels pouvoirs ; que se passe t'il ?
On se retrouve autour des fiches de poste. Le seul endroit qui nous autorisaient un peu à parler de nos différences à nous.
Au fond de moi j'espérais qu'on s'interroge sur nos identités professionnelles, qu'on se questionne qu'on s'enrichisse de l'autre. QUE l'on s'enrichissent de nos différences !! Mais dans un système compétitif, on s'exacerbe, on se protège, on se défend, on se ferme.
La fiche de poste ce n'était que des mots sur du papier. Simplement des savoirs faire techniques qui sur le terrain se répartissaient dans un équilibre hétérogène. La vie quoi, simplement la vie. Je m'occupais de ce que je faisais le mieux en remerciant mes collègues de faire ce qui m'était le plus compliqué.
Je n'aime pas la paperasse admnistrative, je n'aime pas l'argent, j'ai du mal avec le travail de réseau, mais à l'intérieur j'avais de singuliers atouts. Eh bien ces lieux où je savais moins, des collègues étaient là et assuraient. Mais ça ne suffit pas à faire l'équilibre qui aille de l'avant.
Il faut une démarche collective, reconnaître la dimension normalisatrice de l'institution, d'une évaluation aveugle, d'une parole menteuse. Je ne peux que me dire que je suis responsable à ma mesure et pleinement, je n'ai pas réussi à trouver les outils et pourtant j'avais des pistes. (prétentieux aussi, des idées peut être... mmh avoir des idées, ça fait genre que les autres n'ont pas, prétentieux aussi ça. Je devrais me taire.)

Et l'identité, la singularité, ça n'existe plus. Ca disparait devant une fiche de poste, un projet d'établissement, un morceau de papier trop souvent tâché à la vite, à manier des mots sans plus se poser les questions de ce qu'ils signifient, tant est plus important l'obligation de rentrer dans les clous de la loi. Ecrire ce qu'il faut, là où il faut, et à temps.

Malgré ce que j'ai entendu, ce que l'on m'a affirmé, je vais oser la pire des horreurs.
Nous sommes tous différents ! Nous ne sommes pas tous aussi intelligents les uns que les autres. Il y a des éducateurs plus intelligents que d'autres dans le domaine du social mais pire, il y en a même de plus intelligents que d'autres et en pratiquement tout.
Quelle horreur ! Exprimer que des éducateurs de même niveau d'études peuvent être plus intelligents que d'autres. C'est le pompon. La formation est là pour justifier de l'é.. de l'équité ? de l'égalité ?...
La formation est là pour justifier de la maîtrise à minima d'un métier et en aucun cas d'un maxima (désolé pour les puristes du latin, ça parait être du pluriel).
Ca serait tant qu'on le reprécise d'entrée de jeu. Nous ne sommes pas égaux et le serons jamais mais nous pouvons tendre à l'équité.

Et j'accuse le milieu éducatif(donc personne et tout le monde) qui travaille dans la déficience mentale de lâcheté. (ça c'est péremptoire de ma part, c'est plus une intuition/déduction).
Il serait temps qu'avant de caractériser les degrés d'intelligences de ceux qui nous subissent, nous questionnions et partagions ensemble les nôtres ; ces bas niveaux, moyens niveaux, déficiences lourdes, légères, etc...
Et moi éducateur mon degré d'efficience il est de quel nature ? (pas dans la sphère privé, ça ne me regarde pas, mais dans la sphère professionnelle).
Car accepter que d'autres soient moins intelligents (eux sont situés, pas nous) écrit que les différences intellectuelles existent. Et il sera difficile de prouver que toute différence disparait sitôt l'absence de diagnostique médical.

J'ai réussi à m'en sortir de ce jeu du conformisme/normalisme, de cette compétition du autant que l'autre, de cette lutte pour ne pas la subir. J'ai trouvé un contournement. C'est tout bête ça tenait juste à une étiquette. Elle était suffisament repoussante, marginalisante pour me permettre d'échapper à cette compétition à titre personnel mais les conséquences sur l'équipe ne m'épargnait pas. On me ramenait une singularité étrange, bizarre. J'ai formalisé l'informel. Et personne ne veut être bizarre donc pas de compétitions. J'ai trouvé la paix, un peu.
(hélas ce n'est pas absolu).
C'est étrange de voir dans l'éducatif l'être humain aculé à ce mal être, aculé à ce seul et injuste mensonge que l'intelligence fait la valeur. C'est horrible quand je pense que ceux qui ont confiance et suivent nos projets avec tant d'empathie sont dans la plus grande contradiction, tout à la fois la pire des choses qui puissent arriver (le sort pas enviable, c'est dire l'image qu'on en a, je trouve surtout que c'est les responsabilités et représentations des autres qui nous donne cette répulsion à l'idée de vivre leur vie ; pas sûr que dépressif, bipolaire, cancéreux, burn outé soit plus enviable mais on a au moins l'illusion de pouvoir saisir une porte de sortie, aïe) et l'objet de notre sincère affection pour la beauté de la différence qu'ils nous partagent, sommes toutes si souvent dans une grande gentillesse.

Chaque individu à une identité d'intelligence unique, qu'elle est différente de toute autre, qu'elle se subdivise dans de nombreuses dimensions et ce en qualité et en quantité. (théroies des intelligences https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9o ... _multiples ; à ne pas les nommer voyez ce qu'on loupe comme richesse)
Elle est composante de la personnalité. Surtout il faut se garder de lui mélanger la notion de valeur, qui elle est d'origine culturelle. Il faut s'émanciper de l'idée que l'intelligence fait la valeur, pas seulement dans les mots, mais dans les actes. Il faut l'intérioriser.
Certains on plus à donner que d'autre et il est inutile de vouloir prouver que moi aussi je puis être tout aussi valable que mon collègue. Le faire est presque un aveu de la moindre valeur de ceux que nous accompagnons.
La diversité, la différence ne nous enrichissent plus ?

Une équipe devrait passer plus de temps à se reconnaître, à s'apprivoiser, à laisser émerger le meilleur de chacun plutôt que de chercher à se conformer à une fiche poste.
Les textes doivent avoir force de guide et non force de loi. A perdre ce regard, il me semble que l'on perd son métier, que l'on n'est plus que technique et qu'eux enfin ne sont plus que les moyens de bien les exercer et évaluer.

Il n'y a rien de bref, et j'aurai du arrêter d'écrire. Je risque d'encourir, les jugements les plus durs, les raccourcis enfiévrés.
Je n'apprends rien, je réaffirme.
Si l'on veut accompagner la différence au mieux, il faut libérer et apprivoiser ensemble les nôtres plutôt que de les enfermer dans des règlements. Il nous faut faire exemple.


Je tu il nous vous ils et elle et aussi elles et encore eux que l'on ne sait pas toujours et puis aussi personne bref tous en fait...

Devrait on aller jusqu'à suivre le même parcours que les déficients mentaux ?
- Albert, trisomique (je sais ça ne se dit pas, mais moi je crois que l'étiquette quand on dépasse les tabous, c'est un fameux outil d'émancipation) a un développement mental d'un enfant de 7 ans dans le domaine B dit Mme La psychologue.
- François, éducateur (je sais on devrait dire personne porteuse de la fonction d'éducateur mais m'en veuillez pas pour ces raccourcis, puisqu'on ne vient pas qu'avec ses compétences) a un développement mental d'un enfant de 14 ans dans le domaine B dit Mme la même Psychologue.
Le désastre.

Se l'imaginer chacun pour soi par contre pourrait être un exercice anonyme intéressant.

Ce que je n'ai pas vu dans le travail d'équipe, c'est un travail autour de la diversité dans l'équipe.
Il existe pourtant des outils qui permettent une approche de nos différences et permettent de comprendre plus facilement pourquoi l'un sait mieux faire que l'autre, pourquoi l'autre là ramène toujours sur les responsabilités hiérarchiques au lieu de se regarder déjà lui même.
Il existe tant de manières de penser. Je pense à un outil comme le MBTI qui abordé superficiellement et de manière plutôt ludique, laisse vite apparaître la pensée globale de l'un, la pensée plus ciblée mais aussi plus précise de l'autre, la pensée tout à fait commune de cet autre encore mais qui à cette écoute si empathique et précieuse dans les retours qu'il apporte, les nécessités d'ordre ou de désordre dans les modèles d'organisation de chacun pour arriver à la même efficience et encore tant de chose.
Autant de petites machins qui permettraient d'arrêter de s'énerver sur son collègue juste par que l'on arrive pas à intégrer qu'il puisse être tellement différent de soi alors qu'il nous parait si semblable au milieu de cette marginalité qui nous entoure.
On est pas là pour s'adapter à son collègue mais aux clients (.sic), a lui de prendre ses responsabiltés de professionnel et de s'adapter. (une manière d'écrire qu'il n'y a qu'une vision valable, la bonne, la plus pro... la sienne).

Aujourd'hui dans certaines grandes entreprises, on commence à rechercher des personnes aux profils atypiques pour venir enrichir les équipes, les projets, amener des idées nouvelles déstabilisantes.
Il serait dommage que dans l'éducatif on en vienne à l'inverse à toujours plus de normalisation réglementée.


Pour finir je dirai juste que je m'inquiète de l'orientation qui semble être celle du secteur avec la survivance de seules grandes associations qui standardisent de plus en plus leurs procédures (pour des raisons financières).
Je me demande si en ne faisant pas attention, le privé lucratif ne va gagner les parts du marché en ayant elles les moyens de se payer un management plus souple et inventif.

Bien à vous

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