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ANNALES ECRIT CONCOURS D'ENTREE EJE

La communauté Educateur de Jeunes Enfants se retrouve sur Les forums du Social depuis plus de 20 ans pour échanger sur les concours, le métier, le diplôme, la formation, la sélection, le salaire, la carrière, les débouchés, la profession, etc.
laura

ANNALES ECRIT CONCOURS D'ENTREE EJE

Message non lu par laura » 02 oct. 2011 15:18

:blabla: :blabla: :blabla: Bonjour à vous futurs candidates et candidats du concours d'entrée en Ecole d'EJE!!! :blabla: :blabla: :blabla:


Cette rubrique est spécialement faite pour vous.
Ce sont les ANNALES ECRIT DU CONCOURS
et SEULEMENT LES ANNALES
(je sais bien que nous avons tendance à facilement parler mais merci de ne pas laisser ici la place aux commentaires, uniquement les sujets!).
Ayant eut du mal à trouver des annales de concours gratuitement et étant mtnt eEJE, j'essaie à mon niveau de faire un peu fonctionner l'ascenceur social pour que tout le monde y est accès gratuitement!Merci de mettre aussi vos sujets d'écrits à dispositon vous-même biensûr une fois vos écrits passés.


Présention:

Année - Ville - Type de sujet (dissertation, commentaire de texte, synthèse, résumé...)

Temps donné
Consignes
Texte(s) (respecter la présentation).


Merci à tous et n'oubliez pas: plus tout le monde y participera, plus vous aurez d'annales pour faciliter votre travail!
Bon courage à toutes et à tous!

laura

Re: ANNALES ECRIT CONCOURS D'ENTREE EJE

Message non lu par laura » 02 oct. 2011 22:38

2011 - Toulouse - Dissertation et Commentaire personnalisé

Temps de l’épreuve : 3h30

CONSIGNES DE L’EPREUVE ECRITE

1ERE EPREUVE : DISSERTATION

DUREE CONSEILLEE : 2 HEURES

1) Faire une dissertation (Introduction, développement argumenté, conclusion).

2) Utilisation obligatoire de tous les mots dans l’ordre de votre choix pour rédiger votre dissertation.


2EME EPREUVE : COMMENTAIRE PERSONNALISE

DUREE CONSEILLEE : 1 HEURE 30 MINUTES

En vous appuyant sur une ou des situations que vous avez vécues, faire un commentaire personnalisé à partir du thème d’actualité suivant : Effets facebook et réseaux sociaux, réalité et limite.


PREMIERE EPREUVE : Dissertation

Utilisation obligatoire de tous les mots dans l’ordre de votre
choix pour rédiger votre dissertation :

Convivialité
Respect
Rapport au temps
Rapport à l’espace
Humour
Plaisir
Citoyenneté
Emotion
Solidarité
Engagement

laura

Re: ANNALES ECRIT CONCOURS D'ENTREE EJE

Message non lu par laura » 03 oct. 2011 19:48

2011 - Limoges - Dissertation ou Commentaire de texte

Durée : 3 heures.

Les candidats traiteront, au choix, l’un des deux sujets proposés.

Ils indiqueront, au début de leur copie, le N° du sujet retenu.



SUJET N°1 : DISSERTATION


« Des enfants qui poussent, tapent, donnent des coups de pieds, mordent, griffent, tirent les cheveux, crient, crachent, arrachent un objet des mains, etc…
Tous des sauvageons à la crèche dont il faudrait tester, dès 36 mois, leurs comportements « prédicateurs de délinquance », qu’il faudrait dresser, rééduquer ?... »

Danièle DELOUVIN, Fondation pour l’enfance – Lettre N°49


Commentez cette interrogation tout en l’illustrant de vos observations, vos expériences, votre réflexion.



SUJET N°2 : COMMENTAIRE DE TEXTE


« Comment est-il possible, après tant d’années de recherches, où Françoise DOLTO, Myriam DAVID, Danielle RAPOPORT (entre autres) ont tant travaillé à défricher cette précieuse relation au tout-petit, pour la comprendre el l’accompagner, d’être encore capables de parler de garde d’enfant ?

Tout d’abord revenons aux définitions de ces mots. « Accueillir » signifie « recevoir, aller chercher, être présent, être disponible ». Ses racines latines portent la notion de « conduire vers »… quant à « garder », il se définit comme surveiller étroitement, préserver, contrôler. »


Extrait de l’article de Ch.SCHUHL, Métiers de la petite enfance,
nov. 2009


Quelles réflexions vous évoque ce texte ?

Développez et argumentez vos idées.

laura

Re: ANNALES ECRIT CONCOURS D'ENTREE EJE

Message non lu par laura » 04 oct. 2011 18:39

2011 - Rennes - Synthèse de textes et Commentaire personnalisé


Durée : 3 heures
Notation sur 20

Ce dossier est constitué de 7 pages. Il comprend 2 documents.

Document n°1
La révolution des poussettes
Martine FOURNIER
Septembre/Octobre/Novembre 2007
Les Grands Dossiers des Sciences Humaines n°8

Document n°2
La norme et l’enfant
Pr Jean-Pierre POURTOIS – Pr Huguette DESMET
Mars/Avril 2009
La Santé de l’homme n°400

1. Synthèse globale (2/3 pages maximum)

2. Commentez la citation suivante : « Devant cette nouvelle conception de l’enfant, qu’en est-il de l’autorité de l’adulte ? » (document n°2)
Comment comprenez-vous cette citation ? Vous argumenterez votre propos en vous appuyant sur l’ensemble des textes ainsi que sur vos connaissances et expériences.

Document N°1

La révolution des poussettes

Si l’on s’est attaché depuis un demi-siècle à dénombrer, disséquer, analyser de fond en comble les diverses révolutions coperniciennes inhérentes à nos âges postmodernes, il en est une qui était passée inaperçue jusqu’à il y a peu, c’est la révolution des poussettes.
A partir des années 1970 en effet, nos chers bambins ont progressivement connu un retournement majeur pour leur vision du monde ! Autrefois exposés à la vigilance attentive de l’adulte pousseur, ils peuvent maintenant profiter de la société du spectacle toujours en mouvement…
Comment interpréter ce nouvel âge de la poussette ? Quel message subliminal les adultes perfides que nous sommes veulent-ils faire passer au petit d’homme ? Une volonté d’ouverture au monde propre à son épanouissement ? D’autonomie plus précoce à voler de ses propres ailes ? Ou une secrète angoisse quant à l’éveil, la bonne intégration et la réussite de leur progéniture ?...
Peut-être un peu de tout cela justement. Et c’est bien là le problème ! La difficulté penser l’enfant contemporain semble s’enraciner dans une injonction contradictoire, qui donne d’ailleurs lieu à un véritable débat : psychologues, sociologues et autres spécialistes de l’enfance et de l’éducation s’étripent sur la question. D’un côté, ceux qui déplorent et mettent en garde une nouvelle ère d’enfants-rois devenus de véritables petits tyrans (conséquence de la diffusion d’une philosophie rousseauiste puis doltoiste qui privilégierait l’épanouissement), dans une société en perte de repères et d’autorité ; de l’autre, ceux qui plaident pour un droit à l’enfance – et à l’adolescence – malmené par les inquiétudes d’adultes toujours plus demandeurs de réussite et de perfection.

« Les enfants sont hautains, dédaigneux, coléreux, envieux, curieux, paresseux, volages, timides, intempérants, menteurs, dissimulés… ils sont déjà des hommes », disait sombrement d’eux La Bruyère. Platon, lui, considérait que « de tous les animaux sauvages, l’enfant est celui qu’il est le plus difficile de manier » ! Le moins que l’on puisse dire est que les représentations de l’enfance ont radicalement changé depuis deux siècles. Comme l’a montré l’historien Philippe Ariès dans une thèse – certes discutée, mais qui a fait date -, l’une des caractéristiques de la modernité serait l’irruption du « sentiment de l’enfance » : considérés auparavant d’emblée, après un sevrage tardif (vers 6 ou 7 ans) comme des adultes en devenir, l’attention toute particulière au statut d’enfant, désormais vu comme « petit d’homme », date du siècle des Lumières. L’Emile ou l’Education de Jean-Jacques Rousseau (1762) est resté l’un des plus beaux fleurons de toute une littérature qui recommande de voir l’enfant comme un être unique, dont il faut préserver la spontanéité, l’innocence et la pureté… Au XXème siècle, la psychologie, la psychanalyse, la pédagogie et l’ensembles des sciences humaines se sont emparées de l’enfance comme objet d’étude et en ont fait une période bien spécifique de la vie. Elles se sont penchés sur son intelligence, sur les meilleurs conditions de son développement cognitif et affectif, et depuis 1989, les droits de l’enfant ont été gravés dans le marbre des chartes onusiennes, tandis que se multiplient les thèses discutant toutes les ambiguïtés dont est porteuse la « libération des enfants ».
Aujourd’hui, de la Chine à la plupart des pays développés, un consensus s’est établi, qui met l’enfant au cœur des préoccupations des sociétés et des familles, censées lui apporter à la fois le plus grand bonheur possible et tous les ingrédients nécessaires à son épanouissement mais aussi à sa future réussite sociale… Choyé par les sociétés de consommation, on lui réserve des menus pour enfants dans les restaurants ; les chaînes commerciales de vêtements, jouets, accessoires spécialisés (notamment les fameuses poussettes aujourd’hui dotées de pneus gonflables, freins à disques et autres accessoires des plus sophistiqués) prolifèrent… Bébés, jeunes ou grands enfants, pré-ados, ados, qu’ils soient filles ou garçons sont devenus l’objet d’attentions toutes particulières pour le plus grand profit d’un marché planétaire en pleine expansion. En juillet 2007, ils étaient des millions de par le monde à attendre la sortie du dernier volume d’Harry Potter et la géniale auteure de cette saga serait devenue plus riche que la reine d’Angleterre ! Littérature, films, émissions télévisées spécialisées pour chaque âge prospèrent aussi sur le terreau du monde de l’enfance et tous les sociologues soulignent le caractère « puérocentré » des sociétés actuelles.
Parallèlement à ces évolutions, la place de l’enfant est devenue centrale dans les nouvelles familles contemporaines. Reconnu comme un sujet à part entière, l’enfant est roi comme sont rois tous les individus de notre modernité, nous explique François de Singly.
Mais il y a plus. Les transformations qui travaillent l’époque ont fait de l’enfant l’un des piliers les plus solides des familles. A l’heure ou le couple est conçu comme l’alliance de deux individus pouvant se dissoudre dès que celle-ci ne leur convient plus, une nouvelle conception plus contractuelle des liens conjugaux a fait passer les liens parentaux à la première place. Alors que l’amour conjugal tend à devenir un investissement à court ou moyen terme, le long terme s’est déplacé sur les relations parents-enfants. Le nouveau vocabulaire sociologique et juridique de la famille met en avant l’importance de la « parentalité » (l’art d’être parent) et du « projet parental ». Que ses parents soient divorcés, séparés ou ensemble, l’enfant a pris une place première, dans la mesure où le lien de filiation reste, lui indissoluble.

Pour la sociologue Laurence Gavarini, la société est prise d’une véritable « passion de l’enfant » devenu objet d’amour, de culte et de désir. C’est peut-être d’ailleurs la raison pour laquelle on a vu naître, depuis quelques décennies et un peu paradoxalement avec la généralisation de la contraception et de l’avortement, la montée d’un irrépressible « désir d’enfant ».
Mais comme tout désir, le désir d’enfant n’est pas lavé de tout soupçon !
« Le besoin d’enfant accompagne, comme son ombre portée, l’inquiétude identitaire corrélative à l’émancipation démocratique. L’autorité cesse d’aller de soi. La négociation affective qui se répand dans les modes d’éducation traduit à la fois l’incertitude des repères de la transmission, le respect dû à l’enfant et le besoin vital des parents d’en être aimés », explique l’anthropologue Irène Théry.
Et ce n’est là qu’un aspect des ambiguïtés liées à ce désir d’enfant. « Il y a beaucoup à dire, explique Geneviève Delaisi de Perseval, sur la représentation désormais dominante de cet enfant désiré dont on attend énormément ». L’enfant n’est plus destiné, comme ce fut le cas jusqu’au début du XXème siècle, à prolonger une lignée et à servir de bâton de vieillesse pour subvenir aux besoins de ses parents âgés. Aujourd’hui, ce sont des « bénéfices secondaires » que l’on attend de lui : c’est par sa naissance et son bon développement qu’il devra gratifier ses parents… tout en fortifiant leur narcissisme, explique cette psychanalyste. L’expression « désir d’enfant », née avec l’ère de la contraception, repose selon elle sur un fantasme de toute-puissance et de maîtrise parfaite dans la conception de l’enfant, que les lois sur la procréation n’ont fait que conforter en formulant la notion « projet parental ». Mais ne confondrait-on pas les « enfants décidés » (le bon enfant au bon moment) avec les enfants désirés ? se demande-t-elle encore…

Quoi qu’il en soit, c’est aujourd’hui une charge très lourde qui pèse sur les épaules des enfants. Dès la vie fœtale, ces petits « projets parentaux » sont l’objet de toutes les attentions mais aussi de tous les espoirs, notamment celui de l’enfant parfait. Et ceci, comme le fait remarquer le philosophe Marcel Gauchet ne va pas sans faire obstacle à leur entrée dans la vie autonome. Elle est bien là l’injonction paradoxale portée par nos chères petites têtes blondes et brunes. D’un côté, on veut œuvrer à leur épanouissement en leur offrant tout le bien-être et tout l’éventail de loisirs possibles… De l’autre, on les voudrait performants, autonomes et porteurs d’une réussite qui ferait honneur à leurs géniteurs ; l’un allant parfois avec l’autre, lorsque l’on considère par exemple les activités du mercredi, subrepticement destinées à éduquer autant qu’à distraire. « L’enfant subit une injonction à la performance, en étant de plus en plus précocement programmé pour une certaine réussite sociale et scolaire », estime Laurence Gavarini. De fait, on a jamais autant parlé d’enfants surdoués, rebaptisés d’un acronyme bien significatif, les « enfants intellectuellement précoces » (EIP), dont de nombreux parents revendiquent l’étiquette pour leur progéniture. Avec, en contrepoint, son pendant négatif : « l’hyperactivité et les troubles de l’attention, qui ne sont peut-être pas sans rapport avec la compétitivité entretenue dès le plus jeune âge », ajoute-t-elle.

Ce nouveau regard porté sur l’enfance s’exerce dès la naissance, quand ce n’est pas avant lorsqu’il s’agit non seulement d’éveiller le nouveau-né mais aussi de « stimuler le fœtus ». Avec l’avancée des connaissances sur le bébé, les travaux sur l’influence des déterminismes psychologiques et sociologiques sur le développement, une pression inédite s’est exercée sur les parents.
« Tout se joue avant six ans », proclamait un livre qui devient un best-seller dans les années 1970. Bien qu’aujourd’hui, les avancées scientifiques contredisent cette idée (notamment avec la notion de plasticité cérébrale, son impact n’a pas été sans accroître une secrète culpabilité dans bien des familles. Des programmes, des associations sont nés, aux Etats-Unis d’abord et dans tous les pays développés ensuite ; pour développer les apprentissages précoces (langage, lecture avant deux ans..).
Bref, l’injonction à la précocité s’est généralisée, générant une attention parentale non dénuée d’inquiétude quant à l’éducation de leurs petits, dans la famille et à l’école. Le voir marcher et parler suffisamment tôt, fréquenter le plus vite possible les bancs de la maternelle en portant une attention vigilante à ses premières évaluations, l’accompagner fébrilement dans la réalisation de ses devoirs, puis lui délivrer maints cours particuliers pour qu’il puisse accéder aux meilleures filières… « Tu feras Polytechnique, mon fils ! » : tel est devenu le désir ou même l’objectif dans bien des familles… prises au piège, il faut bien le dire, d’une compétition sociale de plus en plus rude. « Carence parentale », « démission des parents », « incompétence »… L’injonction à la performance génère aussi ses
contre-modèles dont chacun redoute de se voir étiqueté. Mais en outre, nombreux sont les spécialistes qui estiment cette pression sur les enfants contre performante. Pour Bernard Golse, l’enfant doit pouvoir prendre le temps de son développement à son rythme propre. Ce pédopsychiatre fait partie de ceux qui réclament, contre vents et marées, un « droit à l’enfance », malmené au nom de bonnes intentions…
Toute la difficulté devient alors de cultiver le désir de grandir, qui reste le moteur de l’évolution de l’enfant… Et suffit-il de retourner les poussettes pour cela ?


Document N°2

La norme et l’enfant

La famille est l’institution qui a sans doute le plus changé au cours de ces dernières décennies. Ses structures ont pris des formes variées. Il n’y a plus aujourd’hui un type unique de famille considéré comme idéal. Dès lors, la définition de celle-ci devient extrêmement floue : « Une famille est formée de personnes qui se considèrent comme faisant partie de la même famille. »1
De plus, elle n’est plus nécessairement un modèle stable et de longue durée. Pourtant, contrairement aux idées fréquemment avancées, elle reste d’une vivacité sans pareille. Les liens familiaux n’ont même jamais été aussi profonds et intenses qu’aujourd’hui et cela, malgré le nombre élevé de divorces. Dans la très grande majorité des cas, les parents aiment leurs enfants et désirent par-dessus tout leur plein épanouissement2. Les enfants, en retour, affirment trouver le bonheur au sein de leur famille. « Famille, je vous aime », constate d’ailleurs Luc Ferry3.

Effectivement, les parents insistent de nos jours pour reconnaître la singularité de leurs enfants : l’individualité de ceux-ci est devenue un enjeu majeur pour eux. Dès lors, ils demandent que l’on fournisse à leur progéniture les conditions de son émancipation. L’angoisse des familles à cet endroit est tangible et susceptible de créer des tensions avec les instances – l’école principalement – qui ne respecteraient pas ces conditions. Car qui dit émancipation dit aussi liberté et indépendance dans l’expression et dans les actes, ce que l’école ne peut admettre…4.

Par ailleurs, dans cette société qui peut s’avérer hostile, le parent, de plus en plus, ressent le besoin de protéger l’enfant contre les dangers qu’il encourt… et, dès lors, il doit limiter sa liberté5. Paradoxe. Une nouvelle conception de l’enfant apparaît dans cette société en mutation. Aujourd’hui, l’enfant n’est plus éduqué pour servir la société ; ses parents, au contraire, vise son épanouissement personnel.
Devant cette nouvelle conception de l’enfant, qu’en est-il de l’autorité de l’adulte ? Comment cet enfant réagit-il face aux règles, aux normes, aux rôles ? Comment les adultes (parents et professionnels) se conduisent-ils ou doivent-ils se conduire ? La dimension paradoxale de cette situation est telle qu’on peut s’interroger : l’éducation est-elle devenue impossible ? Mais qu’est-ce que l’éducation ?

L’éducation, affirme Pierre Bourdieu6, est une « persuasion clandestine ». Pour cet auteur, l’individu est le produit d’un processus d’imprégnation mis en œuvre dès le début de la vie, prioritairement au sein du milieu familial, secondairement à l’école. C’est par ce processus qu’il va incorporer ses façons de penser, d’agir, de structurer son univers. Ainsi, les enfants vont-ils, très tôt, intérioriser les règles présentes au sein du milieu de vie. C’est pourquoi il s’agit d’une « persuasion ». Et celle-ci se fait à l’insu des enfants. On dira donc qu’elle est clandestine. En effet, l’éducation est largement implicite7 ; de là naît sa force. Ces structures incorporées sont profondément ancrées dans l’individu et lui permettent d’appréhender le monde, différemment selon les milieux d’origine. Il existe ainsi des logiques familiales d’insertion sociale8 qui différencient les familles en fonction de leur histoire et de leur milieu socio-économique. Toutefois, même si certaines familles sont mieux armées que d’autres pour faire face aux problèmes éducatifs actuels, il reste qu’une nouvelle conception de l’enfant s’est développé et atteint tous les milieux.

Au sein de cette société en profonde mutation, les parents ont de nouvelles théories implicites de l’éducation. Ils les mettent en œuvre dès la naissance de leur bébé, qui reçoit une éducation bien différente de celle de la génération précédente. Une étude longitudinale montre que les changements en matière de l’éducation sont considérables d’une génération à l’autre. D’une éducation moderne on en vient à une éducation postmoderne.

Le statut de la personne change : sur deux générations, on passe de la dominance du parent à celle de l’enfant ; celui-ci est intensément investi ; il tend à prendre les initiatives et à les imposer à son milieu familial.
Les règles relationnelles intrafamiliales sont, elles aussi, modifiées : la modernité défendait un modèle familial hiérarchisé dans lequel l’autorité de l’adulte était incontestable ; les familles de la deuxième génération optent davantage pour un style égalitaire dans les relations ; elles favorisent une négociation des règles en lieu et place de leur imposition.

L’émancipation de l’enfant devient un objectif prioritaire : les familles de première génération fonctionnaient de manière complémentaire et interdépendante ; la socialisation tentait de répondre aux exigences d’un progrès social collectif ; au sein de la deuxième génération, la socialisation est individualiste ; elle vise l’épanouissement personnel de l’enfant et son autonomie, garants de son intégration sociale.

Faut-il de nos jours déplorer la perte du modèle éducatif ancien ? Certains pensent que les transformations sont responsables des difficultés auxquelles l’éducation est confrontée aujourd’hui. D’autres, au contraire, mettent en avant la richesse affective, la qualité émancipatoire et les relations moins stéréotypées des familles actuelles. Quoi qu’il en soit, le changement est bien là et il convient donc d’en examiner les conséquences pour mieux faire face aux problèmes. Car, quelle que soit la société, l’acte d’éducation engendre toujours des difficultés. Sans prétendre à l’exhaustivité, examinons-en quelques-unes.
Comme nous l’avons précisé ci-avant, la famille actuelle s’appuie sur un ensemble de valeurs individuelles basées sur la reconnaissance des singularités. Or, souligne Marcel Gauchet9, la vie sociale, surtout dans une société démocratique, est le domaine de l’impersonnalité : tout individu doit être traité de la même manière. Il y a donc antinomie entre le fonctionnement des valeurs familiales et le cadre social. Comment, s’interroge l’auteur, les enfants peuvent-ils apprendre dans ces conditions les règles de la vie sociale ?

Par ailleurs, on sait depuis toujours que la famille est une institution à laquelle il faut bien échapper un jour. Mais, de cette structure affective, relationnelle et si peu autoritaire, comment faire pour sortir ? Comment oser affronter la vie en société avec ses nécessaires devoirs, obligations et contraintes ?

En outre, dans ce contexte, l’enfant entre désormais dans un rapport d’égal à égal avec ses parents. Il devient le partenaire de ceux-ci. Puisqu’il apprend que tout est négociable, il doit appréhender le monde sans règle préétablie10. Comment incorporer des structures que les instances de socialisation primaires ne lui ont jamais inculquées ?

Au sein de la famille, l’autorité imposant la soumission aveugle de l’enfant à ses parents tend aujourd’hui à disparaître. Mais, comme « nul ne s’éduque lui-même », l’autorité ne peut ainsi se dissoudre. L’enfant qui naît est propulsé dans un univers fait de codes, de règles, de normes, de valeurs. Il ne peut s’y intégrer sans le recours aux adultes. Certes, dans ce cas, ceux-ci doivent exercer une pression sur lui. En revanche, s’ils veulent trop le protéger, ils le désarment et le désorientent en empêchant son accès au monde social. Une autre forme d’autorité doit donc s’imposer. De nouvelles conditions d’éducation sont à réinventer. Dès lors, que doit faire l’éducateur, parent comme professionnel de l’action éducative ? Avec Marie-Claude Biais, Marcel Gauchet et Dominique Ottavi, nous pensons que l’autorité devra constituer une médiation entre l’individu et le collectif. Elle aura à être pour l’enfant l’intermédiaire entre sa quête individuelle et son inscription dans le monde qui l’entoure. Elle fera l’articulation entre « l’être soi » et « l’être ensemble ». En d’autres termes, elle sera fondée tout à la fois sur la reconnaissance (du sujet dans son individualité propre) et sur le consentement (c’est-à-dire sur l’adhésion personnelle à des obligations sociales). L’éducateur aura donc à se situer dans cet entre-deux constitué par des pôles apparemment incompatibles : le pôle de la socialisation individualiste et le pôle de la socialisation holiste. Il sera donc un médiateur, un intercesseur pour faire de l’enfant un individu indépendant mais ouvert à la compréhension des règles du jeu social et conscient de la présence des contraintes collectives. C’est à ce prix que la liberté peut efficacement être vécue car celle-ci n’est jamais donnée ; elle suppose un apprentissage par l’éducation.

La famille contemporaine postmoderne a rompu avec l’univers de normes de la période moderne car il apparaissait comme un obstacle à la liberté de l’enfant. Habitué à négocier, celui-ci considère les normes obsolètes, voire absurdes. On veut, dans la conception actuelle, qu’il devienne un sujet autonome ; toutefois, on ne lui donne pas les clés de son indépendance et de son épanouissement futurs. La véritable liberté n’est pas d’obéir à ses pulsions, ce qui impliquerait une soumission ; elle nécessite au contraire une maîtrise de soi et une initiation aux codes de la société qui s’acquièrent précocement, au sein de la famille d’abord, puis au contact de l’école, des pairs et de tout l’environnement. Cette autorité-là permettra la liberté car l’individu pourra exercer sa puissance d’agir et exprimer sa singularité en toute connaissance de cause et en pleine autonomie.

1 Décoret B. Famille. Paris :Anthropos, 1998 : 112p.
2 Lahaye W., Pourtois J.-P., Desmet H. Transmettre. D’une génération à l’autre. Paris : Put, coll. Hors collection, 2007 : 384 p.
3 Ferry L. Famille, je vous aime. Politique et vie privée à l’âge de la mondialisation. Paris : XO édition, coll. Essai, 2007 : 216 p.
4 Gauchet M. L’enfant du désir. Paris : Gallimard, coll. Le débat, n°132, novembre décembre 2004 : 98-121.
5 Singly (de) F. Les uns avec les autres. Paris : Armand Colin, coll. Individu et société, 2003 : 272 p.
6 Bourdieu P. Réponses. Pour une anthropologie réflexive. Paris : Le seuil, 1992 : 267 p.
7 Pourtois J.-P., Desmet H. L’éducation implicite. Paris : Put, coll. Recherches scientifiques, 2004 : 256 p.
8 Nimal P., Lahaye W., Pourtois J.-P. Logiques familiales d’insertion sociale. Bruxelles : De Boeck, coll. Pédagogie en développement, 2000 : 229 p.
9 Gauchet M. L’impossible entrée dans la vie. Bruxelles : Yapake.be, ministère de la Communauté française, coll. Temps d’arrêt, 2008 : 52-3.
10 Biais M.-C., Gauchet M., Ottavi D. Conditions de l’éducation. Paris : Stock, 2008 : 270 p.

laura

Re: ANNALES ECRIT CONCOURS D'ENTREE EJE

Message non lu par laura » 04 oct. 2011 18:42

2011 - Nantes - Questions de culture générale et Commentaire de texte personnalisé

Durée de l’épreuve écrite : 4 heures


SEQUENCE 1

5 questions de connaissances sociales vous sont proposées

Vous ne traiterez que de 4 questions sur les 5 qui vous sont proposées :

Présentation de la copie :
Indiquer clairement les 4 questions choisies en mettant le titre et en laissant un blanc suffisant entre chaque question traitée


QUESTION 1 – Qu’est-ce que la loi « DALO » ? Pourquoi a-t-elle été mise en place ?

QUESTION 2 – En quoi les ROMS ont-ils défrayé la chronique au cours de l’été 2010 ?

QUESTION 3 – Qu’est-ce que l’addiction ? Quelles en sont les principales formes ?

QUESTION 4 – Qu’est-ce que l’agenda 21 ?

QUESTION 5 – Pourquoi parle-t-on du médiator ?


SEQUENCE 2

Le monde politique s’est fermé peu à peu sur soi, sur ses rivalités internes, ses problèmes et ses enjeux propres. Comme les grands tribuns, les hommes politiques capables de comprendre et d’exprimer les attentes et les revendications de leurs électeurs se font de plus en plus rares et ils sont loin d’être au premier plan dans leurs formations. Les futurs dirigeants de désignent dans les débats de télévision ou les conclaves d’appareil. Les gouvernants sont prisonniers d’un entourage rassurant de jeunes technocrates qui ignorent souvent à peu près tout de la vie quotidienne de leurs concitoyens et à qui rien ne vient rappeler leur ignorance. Les journalistes, soumis aux contraintes que font peser sur eux les pressions ou les censures des pouvoirs internes et externes, et surtout la concurrence, donc l’urgence, qui n’a jamais favorisé la réflexion, proposent souvent, sur les problèmes les plus brûlants, des descriptions et des analyses hâtives, et souvent imprudentes ; et l’effet qu’ils produisent, dans l’univers intellectuel autant que dans l’univers politique, est d’autant plus pernicieux, parfois, qu’ils sont en mesure de se faire valoir mutuellement et de contrôler la situation des discours concurrents, comme ceux de la science sociale. Restent les intellectuels, dont on déplore le silence. Or il en est qui ne cessent de parler, souvent « trop tôt », sur l’immigration, sur la politique du logement, sur les relations de travail, sur la bureaucratie, sur le monde politique, mais pour dire des choses que l’on ne veut pas entendre, et dans leur langage, que l’on n’entend pas. On aime mieux, en définitive, prêter l’oreille, à tout hasard, et non sans quelque mépris, à ceux qui parlent à tort et à travers, sans s’inquiéter outre mesure des effets que peuvent produire des propos mal pensés sur des questions males posées.
Et pourtant tous les signes sont là de tous les malaises qui, faut de trouver leur expression légitime dans le monde politique, se reconnaissent parfois dans des délires de la xénophobie et du racisme. Malaises inexprimés et souvent inexprimables, que les organisations politiques, qui ne disposent pour les penser que de la catégorie vieillotte du « social », ne peuvent ni percevoir ni, à plus forte raison, assumer. Elles ne pourraient le faire qu’à condition d’élargir la vision étriquée du « politique » qu’elles ont héritée du passé et d’y inscrire non seulement toutes les revendications insoupçonnées qui ont été portées sur la place publique par les mouvements écologiques, antiracistes ou féministes (entre autres), mais aussi toutes les attentes et les espérances diffuses qui, parce qu’elles touchent souvent à l’idée que les gens se font de leur identité et de leur dignité, semblent ressortir à l’ordre du privé, donc être légitimement exclues des débats politiques.
Une politique réellement démocratique doit se donner les moyens d’échapper à l’alternative de l’arrogance technocratique qui prétend faire le bonheur des hommes malgré eux et de la démission démagogique qui accepte telle quelle la sanction de la demande, qu’elle se manifeste à travers les enquêtes de marché, les scores de l’audimat ou les cotes de popularité. Les progrès de la « technologie sociale » sont tels en effet que l’on connait trop bien, en un sens, la demande apparente, actuelle ou facile à actualiser. Mais si la science sociale peut rappeler les limites d’une technique qui, comme le sondage, simple moyen au service de toutes les fins possibles, risque de devenir l’instrument aveugle d’une forme rationnalisée de démagogie, elle ne peut, à elle seule, combattre l’inclination des hommes politiques à donner satisfaction à la demande superficielle pour s’assurer le succès, faisant de la politique une forme à peine déguisée de marketing.


Pierre BOURDIEU

Post-scriptum de La Misère du Monde – 1993



1) Dégager les idées principales du texte.

2) Bourdieu énonce par ailleurs : « si le monde social m’est supportable, c’est que je peux m’indigner. ».
Et vous ? Qu’est-ce qui vous indigne ?

laura

Re: ANNALES ECRIT CONCOURS D'ENTREE EJE

Message non lu par laura » 04 oct. 2011 18:45

2011 - Poitiers - Résumé et argumentation


Durée de l’épreuve : 3 heures

L’enracinement d’une délinquance d’exclusion

La jeunesse a des comportements qui traverse les époques, sans doute précisément parce qu’elle est ce moment qui précède l’établissement dans les modèles normatifs généraux. Depuis des lustres, la sociabilité juvénile, l’affirmation de soi, l’épanouissement des corps, la découverte du sexe, le goût pour l’alcool et les conduites à risque, le style de vie nocturne, les provocations envers les adultes et les institutions, la tentation du vol, caractérisent cet âge de la vie, surtout chez les garçons. Pour des raisons diverses (fragilités familiales, échecs scolaires, influence de certains pairs, événements biographiques), certains feront même une plus ou moins longue carrière dans des pratiques délinquantes plus structurées (comme le vol organisé ou la revente de cannabis). Par ailleurs, il est également classique que certains enfants, exposés précocement de la violence psychologique voire physique au sein de leur famille et de leur environnement, soient plus enclins à user à leur tour de la violence verbale et physique pour s’exprimer. La période actuelle perpétue ces schémas anciens. Elle présente cependant deux spécificités relatives, l’une presque inconnue du débat public, l’autre connu à l’excès.
La première (et la moins connue) est l’importance qu’a pris la compétition pour la possession des biens de consommation, avec les prédations et les agressions qui en découlent. Dans la plupart des cas, les voleurs (et les cambrioleurs) ne sont pas des professionnels organisés et spécialisés (comme les voleurs de voiture de luxe, les voleurs d’objets d’art), ils volent les biens ordinaires fabriqués en série par la société de consommation : voitures, scooters, téléphones portables, lecteurs de disques MP3, etc. Les adolescents volent ou rackettent aussi parfois des vêtements de marque. Peu d’argent liquide car nous avons maintenant tous des cartes bleues que l’on peut bloquer en quelques minutes. Ces voleurs ne sont pas non plus des professionnels. Ils volent pour posséder et jouir immédiatement ou bien revendre « au noir », se faire un peu d’argent, c’est-à-dire consommer un peu plus tard. Nous sommes ici face à un constat qui est en réalité classique en sociologie de la délinquance et que nous avons hélas trop souvent tendance à oublier : c’est le constat de la liaison entre exclusion et délinquance d’appropriation dans les sociétés de consommation. Dit autrement, c’est le constat que certaines formes de délinquances sont liées de façon structurelle à cette société de consommation qui implante dans les esprits dès le plus jeune âge l’idée que le bonheur c’est d’avoir et qui organise l’ensemble de la vie sociale autour de la consommation. Ceux qui sont les vaincus de la compétition sociale veulent pourtant consommer eux aussi. Dans la mesure où ils sont privés d’autre source de reconnaissance et de fierté, ils veulent même consommer davantage encore que les autres et pour pouvoir aussi le montrer aux autres (la fierté c’est de paraître et c’est de défier les autres), prenant ainsi une sorte de revanche sociale. Notons aussi qu’une partie des violences est en réalité occasionnée par ces vols et cambriolages. Notons enfin que l’enracinement du trafic de cannabis est aussi à sa manière une réponse à cette situation d’exclusion, qui fait de nombre de ces jeunes des « smicards du business ». On ne comprend pas la légitimité de ces trafics aux yeux des concernés si l’on ne la replace pas dans le contexte d’un taux de chômage qui, chez les jeunes hommes âgés de 16 à 25 ans, sortis de l’école sans diplôme voisine les 50%. Notons enfin que cette compétition pour les biens est en grande partie responsable des violences.
La seconde spécificité (bien connue cette fois-ci) réside dans le fait que cette crise est en grande partie territorialisée, au sens où elle concerne davantage les territoires que les politiques de la ville et les politiques de sécurité ont recensés chacune à leur manière depuis deux décennies. Même si le caractère surmédiatisé de cette localisation (« les banlieues », « les cités »), allié au ciblage discriminatoire de l’action policière, tend très abusivement à réduire les phénomènes de délinquance juvénile à ces territoires, il n’en demeure pas moins qu’ils y sont davantage prégnants. Outre que ces territoires concentrent la pauvreté et le chômage, ils ont souvent une jeunesse pléthorique (donc une délinquance juvénile plus forte que dans d’autres quartiers ici par simple effet de structure démographique) qui y fait rapidement l’expérience de la discrimination dans les relations sociales ordinaires et dans le rapport aux institutions, et qui, pour une petite partie d’entre elle, y réagit dans un surcroît de déviance. Pour toutes ces raisons-et en liaison aussi avec les politiques de peuplement des organismes publics et des élus locaux-,se concentre dans ces quartiers une population le plus souvent majoritairement étrangère et d’origine étrangère. De là l’apparente
«sur-délinquance» des jeunes issus de l’immigration.

Ces deux caractéristiques sont révélatrices d’une double crise des structures d’intégration de la jeunesse dans le monde adulte. La première est économique : l’accès à un statut social est rendu particulièrement difficile pour des centaines de milliers de jeunes hommes qui se trouvent déqualifiés par rapport à la vie professionnelle, de façon autant sinon plus symbolique que réelle (dans la mesure où il existe pour certains d’entre eux des emplois précaires de type intérim mais qui ne confèrent pas un statut). Et il faut souligner le poids de ce statut dans l’ensemble du processus d’entrée dans l’âge adulte, son incidence sur l’ensemble des relations familiales et sociales des individus.
Actuellement, les pouvoirs publics s’interrogent sur l’âge auquel un jeune commence à « délinquer ». Or cette question n’est pas la seule importante pour une société. Il est probable que celle de savoir à quel âge il sort des pratiques délinquantes l’est autant sinon davantage. La carrière délinquante a certes un début, mais elle a aussi une fin. Et c’est sans doute ici que les changements les plus notables sont intervenus ces dernières décennies. Si « la jeunesse ne prend une certaine consistance sociale qu’à partir du moment où se prolongent ces temps de passage qui définissent une position sociale incertaine », alors il faut admettre que l’on a jamais été aussi jeune aussi longtemps que dans la société française de ces vingt dernières années. La question de l’emploi stable est ici centrale, elle a des conséquences sur les deux autres critères classiques qui définissent l’ « entrée dans l’âge adulte » : l’accession à un logement indépendant et la formation d’un couple stable, prélude à la fondation d’une famille. Ce modèle de « réussite dans la vie » (avoir un travail, un logement, une famille) est unanimement partagé dans la société. Mais il est difficilement concevable pour beaucoup de ces jeunes qui sont, de fait, les « inutiles » du système.
La seconde crise est symbolique et politique : l’accès à la citoyenneté est rendu particulièrement difficile pour ces jeunes hommes qui se considèrent globalement disqualifiés par rapport au modèle dominant dans l’ordre politique, qui ne sont plus sollicités ni représentés par les forces politiques traditionnelles, et qui sont donc démunis pour construire des actions collectives autonomes, durables et non-violentes (par opposition aux émeutes qui, survenant généralement à la suite d’une mort d’homme, sont des déchaînements émotionnels passagers).

Laurent Mucchielli,
Socio-logos, Revue de l’association française de sociologie, 2007


Résumé en 7 lignes
Argumentation : 3 pages maximum

laura

Re: ANNALES ECRIT CONCOURS D'ENTREE EJE

Message non lu par laura » 04 oct. 2011 18:54

Novembre 2010 (nombreuses sessions pour la même rentrée scolaire) - Bordeaux - Tests psychotechniques et Commentaire de texte

Ramassage intégral des sujets donnés, copies et brouillons à la fin de l'épreuve.

Tests psychotechniques:

Les 3/4 du temps donné pour cette épreuve.
- Tests sur des petits textes
(vrai, probablement vrai, incertain, probablement faux, faux - et vocabulaire): partie la plus importante.
- Tests de logiques

Commentaire de texte:

Commentaire à faire d'une page sur un texte d'une page.

Juliette

Re: ANNALES ECRIT CONCOURS D'ENTREE EJE

Message non lu par Juliette » 04 févr. 2013 14:32

2012 - Paris (Parmentier) - résumé et dissertation

temps donné: 3h
épreuve notée sur 20


Travail à faire:
1. Faites un résumé de ce texte en dégageant les idées essentielles.

2. Certains parents développent de plus en plus d'imagination pour favoriser le développement de leurs enfants alors que certains autres utilisent la télévision comme un outil éducatif. Qu'en pensez-vous?

A partir de vos experiences, argumentez vos choix en vous appuyant sur des exemples.

Texte:

Un bébé a mieux à faire que de regarder la télé !


Un bébé sur deux regarde la télé.

Ce constat alarme certains professionnels de la petite enfance.Pour les parents, le rapport à la télé n'est pas toujours simple.

Le rapport que les parents entretiennent avec la télévision est souvent ambigu. Cet objet de divertissement peut vite devenir une source de conflit lorsqu'il faut restreindre le temps d'audience ou écarter un programme non approprié aux plus jeunes.

De plus, si la tentation est grande d'allumer la télé pour les « occuper », le matin par exemple, les parents savent bien que leurs petits bouts ont mieux à faire. En jouant ou en dessinant par exemple.

Entraînement de la fratrie

Paru dans le magazine Parents, un récent sondage souligne ce paradoxe : 51 % des enfants âgés de 0 à 36 mois la regardent. Cependant 58 % des mamans interrogées pensent qu'elle a des effets plutôt négatifs sur eux. Parmi elles, 21 % craignent même une forme de dépendance.

Les enfants téléspectateurs ne relèveraient pas d'un choix ? Certes les mamans ne sont pas les seules décisionnaires et la télé trône partout : chez la nounou, les grands-parents, etc. Et puis il y a l'effet d'entraînement de la fratrie. Les petits derniers suivent aussi leurs aînés devant les séries ou les dessins animés...

Cette étude pointe le très jeune âge des téléspectateurs. Parmi les 0-36 mois qui 'consomment' de la télé, 32 % sont âgés de moins d'un an. Ce constat a de quoi alarmer ceux qui proscrivent les écrans avant trois ans comme le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

Cette autorité administrative va dans le sens des avis des professionnels de santé, le psychanalyste Serge Tisseron en tête. « Un petit enfant a toujours mieux à faire que de regarder la télé ou même d'être en présence d'un poste allumé. Car l'écran capte son attention, le distrait de ses jeux, des activités fondamentales pour son développement », explique-t-il.

Le bébé s'interrompt dans ses manipulations d'objets, son attention est détournée. Seules l'ouïe et la vision sont stimulées au détriment des autres sens. Pour le psychanalyste, il n'est plus « un acteur mais un spectateur du monde ». Les effets négatifs de la télé à haute dose sont connus : nervosité, difficulté de concentration, tendance à l'obésité...

Que faut-il faire alors : l'éteindre définitivement ? Serge Tisseron prône la modération : « Pas de TV avant trois ans n'est qu'un slogan. Il n'est pas question de la bannir. Mais plutôt de rechercher le plus souvent une alternative et de réduire le temps d'audience. Deux heures par jour de télé pour un bébé, oui c'est trop ! »

Regarder avec eux

L'option DVD est souvent adoptée par les parents qui veulent éviter de la banaliser. Ils choisissent le moment, le contenu, la durée... et parfois regardent avec eux. Ce qu'ils adorent.

Quant au contenu supposé éducatif des émissions, le psychanalyste répond avec un argument choc : « un enfant de moins de trois ans ne fait pas la différence entre une série américaine et un dessin animé. » Troquer Mimi la souris contre Starsky et Hutch, il n'y verra que du feu ? Non, il s'habituera juste aux courses-poursuites !

Anne-Elisabeth BERTUCCI
Ouest France - 15 mai 2011

Océane

Re: ANNALES ECRIT CONCOURS D'ENTREE EJE

Message non lu par Océane » 11 janv. 2014 01:14

2014 Lille (Qcm, résumer et synthèse)

Durée de l'épreuve: 3h15

1ère Partie: durée: 15 min
Qcm de culture générale

exemple de questions eu:

Laquelle de ces îles est la plus grande:
Madagascar
Groenland
Australie (bonne réponse)

Christiane Taubira est:
ministre de ...
ministre de la justice
ministre de ...

Quand, Nelson Mandela a reçu de prix Nobel de la paix:
1993
1998
2001

Qui à écris la lettre à élise:
Mozar
Beethoven
...

Bref toute des questions qui n'ont pas forcement à voir avec le métier et qui n'ont rien à voir les unes des autres.


2ème partie: 3h
1) Résumer le texte suivant:

Parent-école, dialogue impossible? de Flora Yacine. Article n 232- Décembre 2011.

 Dès la première semaine d’école, raconte Stéphanie, j’ai senti mon fils anxieux. La maîtresse lui avait mal parlé. Je suis alors venue lui mettre sous les yeux le rapport de la psychologue, comme quoi il est dyspraxique et je lui ai signifié d’être plus gentille avec lui… J’espère qu’elle a compris le message ! »

Agressions verbales ou physiques, insultes, propos diffamants ou même menaces de mort, recours à la justice contre, par exemple, l’absentéisme des professeurs…, depuis une dizaine d’années, toutes les études montrent une dégradation dans la relation des familles avec l’école. Les rapports ministériels et les rectorats en font état. Agressions et menaces se seraient multipliées par huit en une dizaine d’années, les dépôts de plainte ne cesseraient d’augmenter. La chaîne Arte qui consacrait récemment une émission sur le sujet, tout aussi prégnant en Allemagne qu’en France (1), faisait état d’une crise de confiance, dressant le portrait de parents de plus en plus exigeants et contestataires vis-à-vis de l’école.

Et pourtant, depuis la publication du Code de l’éducation (loi Jospin de 1989), auquel sont venus s’ajouter d’autres textes comme la Charte des parents (2004), les parents sont considérés comme « partenaires permanents et à part entière de la communauté éducative », représentés dans les conseils d’école, les conseils de classe et multiples instances éducatives (conseils d’administration, départementaux, fédérations de parents…). Les textes officiels multiplient les invitations à ouvrir l’école aux familles, à faciliter leur droit à l’information, à l’orientation… Rien n’y fait : « Les textes officiels disent “écoute”, “concertation”, “partenariat”, mais quand les chercheurs arpentent le terrain, ils notent malentendu, contentieux, dialogue impossible ou grande explication », note Olivier Maulini, chercheur à l’université de Genève (2).

Épanouissement et réussite
Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? L’école et les familles seraient-elles deux instances antinomiques ? C’est ce qu’ont longtemps avancé les penseurs de l’éducation. Au XVIe siècle déjà, Montaigne conseillait de confier l’éducation de l’enfant à un précepteur « afin de corriger l’amour trop lâche des parents à l’endroit de leurs progénitures ». Dans les années 1930, le philosophe Alain, qui plaidait ardemment pour l’enseignement de la rationalité et contre les préjugés, pensait que l’école devait libérer l’enfant de la « confiture affective de la famille »… Et c’était aussi le sens de la démarche de Jules Ferry lorsqu’il édifia l’école républicaine pour arracher les enfants aux superstitions et aux particularismes locaux véhiculés dans les foyers…

En fait, tout un ensemble de facteurs rend problématique et anxiogène la relation école-famille. D’une part, dans les sociétés contemporaines, l’enfant a pris une place centrale. Réussir sa mission de parent, c’est lui apporter le meilleur : épanouissement personnel, droit d’exprimer ses goûts, de développer sa personnalité, mais aussi devoir de lui donner tous les atouts pour réussir sa vie.

Des objectifs qui d’ailleurs ne vont pas sans se contredire ! À la maison, il faut à la fois gérer les temps passés sur les jeux vidéo, les sorties avec les copains, l’heure du coucher, sans nuire au travail scolaire et en associant toutes les activités extrascolaires – sport, musique, cours de langue… – pour compléter son éducation. C’est ainsi que certains enfants se retrouvent avec l’emploi du temps d’un ministre !

Nous sommes entrés dans l’ère de la « famille sentimentale et éducative », explique François de Singly. L’école ne peut échapper à cette exigence contemporaine qui fait que les parents refusent de voir leur enfant malheureux ou s’enfermer dans l’échec ». C’est pourquoi les enseignants se voient confrontés à des parents qui viennent plaider la cause de leur progéniture, n’hésitant pas à contester les notes ou les punitions voire les choix ou les méthodes.

Par ailleurs, depuis l’allongement des études généralisé à l’ensemble des classes d’âge, l’école est devenue un vaste espace de compétition. Pour les familles populaires comme pour les classes aisées, l’investissement scolaire conditionne la réussite sociale et la distribution des places dans la société. Une distribution devenue incertaine à l’heure où, comme l’a montré la sociologue Marie Duru-Bellat, l’inflation des diplômes délivrés ne peut plus garantir à l’élève ni la promotion sociale ni même le maintien dans sa catégorie socioprofessionnelle d’origine.

Au nom donc de la meilleure réussite possible de leur enfant, les parents surveillent le bon déroulement des programmes, s’échangent des informations sur la qualité et la réputation des profs, n’hésitant pas à demander des changements de classe ou à recourir à des stratégies destinées à garantir les meilleures chances, à les situer de façon optimale dans la compétition scolaire. Les mieux informés – et les plus aisés – ont recours aux cours particuliers, au coaching scolaire (qui connaît un succès croissant sur Internet), aux dérogations pour contourner la carte scolaire, à trouver des options rares, ou à les faire inscrire dans des classes bilingues où sont sélectionnés les meilleurs élèves. L’enseignement privé devient aussi un recours, lorsqu’il est considéré comme plus apte à exercer un suivi individualisé.

De leur côté, les enseignants ne sont pas plus tendres dans leurs jugements, accusant les familles à la fois d’attitudes consuméristes vis-à-vis de l’école et de carences éducatives, voire de démission parentale.
La critique consumériste n’a cessé d’enfler depuis les années 1980, époque qui vit Robert Ballion publier un livre qui fit date Les Consommateurs d’école (Stock, 1982). Cette critique stigmatise une attitude des familles pour lesquelles l’école serait devenue un service, jugée uniquement en terme de réussite de l’enfant. Selon les adeptes de cette thèse, l’école républicaine, qui assurait le lien social, est aujourd’hui en proie aux logiques néolibérales de l’époque, mettant les établissements scolaires en concurrence et faisant de l’école un marché dans lequel se creusent les inégalités.

Les parents diplômés et bien intégrés socialement auraient pris possession de l’école. Dans les lycées de centre-ville, mentionne un rapport de l’inspection générale, « tous les proviseurs de ces lycées soulignent la pression qu’exercent ces parents. Conscients d’offrir à l’école ses meilleurs atouts, de lui garantir des taux de réussite enviables, ils s’estiment en droit d’évaluer sans cesse la qualité du “produit scolaire” qui leur est offert. Ils n’hésitent pas, le soir, à refaire les cours à leur manière, avec le danger de saper les fondements de l’autorité du maître. Ces parents sont plus présents que d’autres catégories dans les associations. »
Mais qu’en est-il pour les familles populaires ? Le rapport de l’Inspection générale témoigne : « L’élève en difficulté peut être à l’origine de vives tensions, et d’un dialogue de sourds où s’affrontent – et parfois de façon violente – deux conceptions du rapport à l’école. » Les parents peuvent alors reprocher à l’enseignant son parti pris négatif vis-à-vis de leur enfant, son évaluation partiale ou méprisante, son refus de comprendre les difficultés de l’élève et de prendre en compte les efforts qu’il a faits . De son côté, l’enseignant perçoit « les effets de cette angoisse parentale comme une mise en cause de sa qualité professionnelle, refusant de se voir associé à un échec scolaire qu’il impute à des causes extérieures à son cours (résultats insuffisants dans les classes antérieures, manque de méthode, d’intérêt pour l’école, de travail à la maison, etc.) et renvoie le parent à sa propre insuffisance en tant qu’éducateur. »

Les « carences éducatives » dont sont accusées ces familles peuvent-elles être assimilées à une démission parentale ? Cette notion, devenue un quasi-lieu commun, a été largement démontée par nombre de travaux. S’il est vrai que beaucoup de parents ne possèdent pas les codes d’une « culture scolaire » qui leur est souvent étrangère et préfèrent se tenir à l’écart de l’institution (ne répondant pas par exemple aux convocations de l’établissement), ils n’en sont pas moins soucieux du destin et de la réussite de leur enfant. C’est même, pour P. Périer, un véritable changement paradigmatique qui s’est opéré : « Au tournant des années 1980, la montée du chômage conjuguée à l’élan de politiques scolaires volontaristes et aux perspectives nouvelles qu’elles semblaient offrir (bac pro, accès à l’université) a consolidé la volonté et l’ambition des familles populaires. » Des études ont montré que, notamment chez les immigrés, les ambitions scolaires sont équivalentes à celles des classes moyennes. En fait, si ces parents se refusent à intervenir dans les difficultés que peuvent rencontrer leurs enfants, ce serait aussi, toujours selon P. Périer, en référence à une attitude consumériste selon laquelle c’est la mission de l’école que de traiter les problèmes éducatifs : à chacun son travail… Ce qui ne les empêche pas de recourir aux cours de soutien ou de surveiller à leur manière la scolarité de leurs enfants.
Une chose est sûre toutefois : l’emprise de la réussite scolaire dans les sociétés contemporaines est devenue génératrice de stress, dès la maternelle, pour les familles comme pour les enseignants. Un stress propre à entretenir tensions et conflits.

2) Dégager de cet article, un thème de réflexion, développer le et argumenter le par des réflexions personnelle et par vos connaissance et expérience personnelle.


J’espère que sa vous aidera ;)
Salut à tous

THEILLER

Re: ANNALES ECRIT CONCOURS D'ENTREE EJE

Message non lu par THEILLER » 05 févr. 2014 14:54

Bonjour, avez vous les corrections de ces annales ?
Clémence

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