Les clients des jeux à gratter, paris sportifs ou machines à sous ne jouent pas principalement parce que c’est amusant, ils jouent pour gagner de l’argent. Dès lors pourquoi persistent-ils à miser alors même que ces investissements sont conçus pour qu’ils perdent ? Une des clés pour comprendre cette apparente irrationalité réside dans le fonctionnement de notre cerveau. Confronté au hasard, l’esprit humain est bien souvent démuni : il voit des causalités là où il n’en existe pas, il croit déceler la chance et l’habileté là où règnent les lois implacables des probabilités. Les jeux de hasard sont donc naturellement un milieu propice à l’épanouissement de l’erreur. C’est d’ailleurs grâce à des jeux de hasard réalisés en conditions expérimentales que les sciences cognitives ont fait la plupart de leurs découvertes sur les biais cognitifs et les limites de la rationalité humaine. Ce que la psychologie cognitive a théorisé, les opérateurs de jeu l’ont mis en pratique.
Pour les designers de jeu, il faut créer des produits suscitant un désir de jouer sans s’arrêter, en dépit des pertes qui s’accumulent et entretenir l’espoir de gain. Aussi ont-ils développé une expertise dans la manipulation cognitive et comportementale des clients. Afin d’induire ces distorsions dans nos jugements, les firmes ont recours à tout un arsenal de techniques. Ce faisant elles entretiennent une sorte de culture superstitieuse chez les Français.
Si les biais cognitifs et la réceptivité à la dopamine caractérisent le cerveau humain, c’est l’architecture même des jeux d’argent et l’exploitation commerciale de ces biais qui constitue l’originalité de la situation actuelle. Décryptons l’ingénierie de l’erreur mise en place par les opérateurs.